3.1.07

2007




Ecrivain et philosophe du XVIIIè s., Bernard de Fontenelle a dit : « Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon, vous n’en sortirez pas vivant ». Il est bon de se remémorer sa petite phrase de temps en temps, particulièrement quand on voit la direction scabreuse que l’on fait prendre à notre monde année après année. Puisque nous voici à la période inévitable des rétrospectives, des bilans ou même des résolutions, bonnes et moins bonnes (“j’arrête de fumer, je boirai moins, je ferai plus de sport, etc.), regardons juste une seconde si 2006 a été une année sérieuse ou pas, si le monde a pris la vie du bon côté en épicurien averti ou si les hommes ont choisi de calculer froidement chacune de leurs actions comme d’avides banquiers.
Que s’est-il passé sur ce morceau de rocher qui gravite dans la voie lactée? Survol rapide. Des échauffourées à Haïti ou au Sri Lanka, les conflits (guerre civile, invasion, guérillas, on ne sait plus tant le chaos est complet) désormais habituels en Irak et en Afghanistan (ah, cette année il y a eu un bonus avec celle du Liban, sommet de l’aberration et honte israëlienne!), la crise (le mot est bien faible) au Darfour ou celle provoquée par une poignée de dessins danois, quelques séismes et coulées de boues à Java et aux Phillipinnes pour faire aussi porter le chapeau à Mère Nature (elle a bon dos, elle qu’on viole et souille sans vergogne). Bof. Pas de quoi passer de longues soirées de rigolades. Heureusement, il y a eu les JO et la coupe du monde de foot pour fêter et mettre notre mauvaise humeur au placard (ou faire l’autruche pour se protéger l’esprit selon les interprétations.) Des millions d’enfants, de femmes et d’hommes ont péri cette année de mort pas naturelle du tout, d’autres les suivent chaque jour, sans trêve de Noël; les dernières forêts de Bornéo, du Congo ou du Brésil sont bientôt réduites à l’état de brûlis et de prairies à brouter pour nos élevages de hamburgers sur pattes; l’Antarctique et les glaciers alpins fondent plus vite que prévu alors que de grandes nations se torchent le cul avec les accords de Kyoto; de Tokyo à Washington en passant par Pyongyang, Beijing et Téhéran les états s’arment ou se réarment massivement, si possible avec du nucléaire pour être suffisament effrayants et dissuasifs les uns envers les autres; les OGM aux effets inconnus croissent dans nos champs et nos assiettes alors que les bouffées d’air non pollué décroissent au-dessus de nos têtes. Or, ce que beaucoup de monde retiendra sans doute de 2006 - pour l’avoir vu en direct sur l’écran adulé de la Sainte Télévision- est une illustration infantile de la loi du Talion: le coup de boule d’un footballeur à un autre qui l’avait insulté.
Oui je sais, il ne faut pas prendre la vie trop au sérieux et je viens de remettre les pieds en plein dedans! Mais une autre citation me vient à l’esprit. Je n’en connais pas l’auteur, mais elle dit: un pessimiste est un optimiste qui s’est informé...

Puisqu’on ne peut avoir la folle prétention de porter la misère entière du monde sur les épaules et encore moins de la résoudre, la bonne résolution de cette année pourrait être de prendre la vie avec plus de légèreté, en ayant une énergie optimiste, tout en restant informé sur les péripéties du vaste monde.
Ce sera la mienne. Mais je ne vais surtout pas commencer en 2007 à faire le moralisateur à deux balles et dire aux autres ce qu’ils doivent faire et encore moins ce qu’ils doivent penser!

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